Analyse économique du Burkina Faso

Des défis à relever, pour favoriser une croissance prométeuse

À la suite du ralentissement du rythme de croissance du PIB réel à 3,9 % en 2014 et 2015, notamment en raison d’une faible pluviométrie, pour la campagne agricole, et des troubles sociopolitiques et sécuritaires qui ont marqué le pays, la croissance économique a affiché un taux de 5,3% en 2016-2018.
Ce rebond résulte de la relance des activités dans l’ensemble des secteurs économiques. Il est notamment imputable à la performance de l’agriculture, à la bonne tenue de l’activité dans l’industrie extractive, et par le dynamisme de l’activité des télécommunications et des services financiers.
Les perspectives économiques sont favorables pour les années à venir notamment 2019-2021, avec un taux de croissance projeté à 7,4 %..

Les mines au Burkina Faso un pays en croissance qui doit relever de grand défis

Ces perspectives positives devraient être soutenues par la vitalité du secteur minier qui connaîtra l’entrée en production de deux nouvelles mines industrielles, et par la mise en œuvre du programme d’investissements publics porté par le Plan national de développement économique et social (PNDES 2016-2020), dans les domaines de l’énergie, des aménagements hydroagricoles, des infrastructures routières et des télécommunications.
Les perspectives d’une reprise vigoureuse de la croissance économique sont par ailleurs renforcées par le maintien à des niveaux favorables des cours des principaux produits d’exportation que sont l’or et le coton.
La gestion des finances publiques reste globalement maîtrisée même si elle est marquée par l’impact de la situation sociopolitique, des attaques terroristes et de la COVID-19.
La mobilisation des recettes a enregistré une performance significative avec un accroissement de 10,4% en moyenne sur la période 2016-2018 par rapport à leur niveau de 2015. Cette performance est due notamment à la reprise de l’activité économique et aux réformes mises en œuvre pour améliorer l’efficacité des administrations fiscales.

Les mines au Burkina Faso - Une source de croissance nationale

Une gestion viable du pays

En matière d’environnement des affaires, le pays a réalisé des réformes institutionnelles et réglementaires significatives qui lui ont valu d’être classé parmi les 10 meilleurs réformateurs du monde, selon le rapport Doing Business de la Banque mondiale en 2009. Ces réformes ont porté notamment sur la création des Centres de formalités des entreprises (CEFORE), la réforme du code du travail, la mise en place du Centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation de Ouagadougou (CAMCO), etc. Cependant, au cours des cinq dernières années, le pays n’a pas réalisé des progrès notables et a régressé dans le classement, passant de 142ème en 2015 à 146ème sur 190 pays en 2018.
L’accès à l’électricité et au crédit, les difficultés dans le paiement des taxes et les coûts élevés des frais judiciaires dans les litiges liés à l’exécution des contrats sont autant de contraintes qui affectent le climat des affaires.
Les échanges extérieurs demeurent fortement exposés à la volatilité des cours de l’or et du coton.
Sur la période 2016-2018 ces deux produits représentaient respectivement 69,8% et 15,5% des recettes d’exportation. Avec la reprise économique et dans le contexte de mise en œuvre du PNDES, les importations sont prévues à la hausse (12,3%).

La dette publique du Burkina Faso reste cependant viable. L’encours de cette dette s’est chiffré à l’équivalent de 4,5 milliards d’USD fin 2018. Rapporté au PIB, il est évalué à 34,8%. L’analyse de viabilité de la dette effectuée dans le cadre de la Stratégie de gestion de la dette à moyen terme (SDMT) indique un risque de surendettement modéré jusqu’en 2035. Ce contexte ouvre une perspective de transformation structurelle des secteurs productifs pour lesquels des investissements sur les nouvelles technologies et l’usage des drones sont encouragés.

Une pépite d'or, moteur de l'économie du Burkina Faso

Les défis pour renforcer le plan social et les conditions de vie

Sur le plan social, le profil démographique du Burkina Faso fait ressortir une population à majorité jeune et un indice de pauvreté élevé.
Cette population est estimée en 2019 à 21 millions d’habitants avec un taux de croissance démographique de 3,1%. Elle est composée à plus de 67% par des moins de 25 ans. L’indice synthétique de fécondité du pays est parmi les plus élevés au monde (5,6 enfants par femme).
Cette forte croissance démographique explique, en partie, la forte demande sociale et contribue à l’arrivée de plus de 250.000 jeunes sur le marché de l’emploi chaque année.
Quant aux conditions de vie de la population, la dernière Enquête Multisectorielle Continue (EMC) sur les conditions de vie des ménages de 2014, montre que l’incidence de la pauvreté est en nette baisse mais demeure encore élevée en 2014 : 40,1 %, contre 46,7 % en 2009. La pauvreté est surtout rurale : neuf personnes pauvres sur dix vivent en milieu rural.
Le recul de l’incidence de la pauvreté a été également plus fort en milieu urbain (13,6 % en 2014, contre 25,2 % en 2009) qu’en milieu rural (47,5 %, contre 52,8 % en 2009).
S’agissant de la santé, les politiques mises en œuvre ont permis d’améliorer de manière significative les indicateurs sanitaires du Burkina Faso.
Le secteur éducatif reste confronté à d’importants défis :
1 - la précarité des infrastructures d’enseignement en milieu rural;
2 - le développement du post-primaire dans son ensemble;
3 - la forte concentration sur l’enseignement général, au détriment de l’enseignement technique et professionnel.

Une des conséquences de ces défis est le faible niveau d’employabilité des sortants de ce système d’éducation : à peine 5% de la population de 16 à 64 ans a bénéficié d’enseignement et de formation techniques et professionnels. La proportion des actifs au chômage est de 14,5% en milieu rural et 13,0% en milieu urbain (EMC 2014). Les enjeux pour le développement des secteurs productifs et le développement des chaînes de valeurs sont par conséquent essentiels.

Assemblée Nationale du Burkina Faso

Les défis majeurs du Burkina Faso

Développements sectoriels et chaînes de valeurs

L’usage des drones et des nouvelles technologies liées au numérique doivent, et devront se développer. Le Burkina Faso se doit d’étudier toutes ses potentialités au niveau sectoriel.
Le secteur de l’énergie par exemple est caractérisé par une offre à prédominance thermique et qui demeure insuffisante face à une demande sans cesse croissante, de l’ordre de 13% par an. Au 31 décembre 2018, la puissance électrique disponible était de 330 MW répartie comme suit :
1 - 62,8% de thermique;
2 - 30,7% d’importations de Côte d’Ivoire;
3 - 6,5% d’hydroélectricité.
L’accès à l’électricité demeure également faible avec un taux national d’électrification de 18,8% en 2016. Cet accès est marqué par de fortes disparités entre les zones urbaines (59,9%) et les zones rurales (3,1%). Les défis majeurs auxquels le pays fait face, sont, entre autres : la faiblesse de l’offre d’énergie électrique, la faible part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national et le faible taux d’accès à l’électricité notamment au niveau rural.
La stratégie nationale pour relever ces défis est la Lettre de Politique Sectorielle de l'Énergie (LPSE). A l’horizon 2020, la LPSE prévoit d’atteindre un taux d’électrification national de 45 %, faire passer la capacité disponible de 325 à 1000 MW dont 50% des énergies renouvelables et porter de 500 000 à 1 000 000 le nombre d’abonnés raccordés au réseau électrique.
A cet égard, la Loi adoptée en avril 2017, portant réglementation générale du secteur de l’énergie constitue une avancée significative en termes de réformes institutionnelles et prend en compte le rôle accru du secteur privé dans la production de l’électricité. Dans ce secteur l’usage des drones pour l’entretien et le contrôle des infrastructures sont essentiels.
Quant au secteur rural, il joue un rôle prépondérant dans l’économie burkinabè. Il occupe environ 86 % de la population active et sa contribution à la formation du PIB est estimée à environ 35% en moyenne. Il fournit 61,5% des revenus monétaires des ménages agricoles.
Ainsi, la croissance économique du pays est-elle fonction de l’évolution de l’activité agricole, qui elle-même reste très dépendante de la variabilité des conditions agro-climatiques.

Par ailleurs, il convient de signaler que le coton constitue la principale source de revenus pour plus de 4 millions de personnes au Burkina Faso et contribue fortement à la lutte contre la pauvreté et à une croissance inclusive.
L’élevage occupe une place prépondérante dans le secteur rural. La population rurale y tire 30,9% de ses revenus monétaires. A l’échelle nationale, l’élevage est le troisième poste des exportations (5,8%) mais loin après l’or et le coton.
Les principaux défis du secteur sont relatifs aux difficultés de financement, à la faible capacité des acteurs et de leurs organisations ainsi qu’à la faible coordination et harmonisation des multiples interventions. Quant à la production du secteur, elle est contrainte par la faiblesse de la pluviométrie et surtout sa mauvaise répartition, la non-maîtrise des ressources en eau, les difficultés d’accès aux intrants et aux équipements et la persistance de l’insécurité foncière.
L’usage des drones dans ce secteur pourrait apporter des gains de productivité de l’ordre de 8 à 12 % par an en moyenne.
Les potentialités agro-écologiques du Burkina Faso peuvent l’aider à réaliser une croissance accélérée du secteur rural. Ces atouts se traduisent par l’existence d’un grand potentiel en terres cultivables estimé à 9 millions d’hectares dont environ 46% sont exploités. Quant aux terres irrigables, elles atteignent 233.500 ha, dont environ 12 à 14% seulement sont actuellement exploitées.
En outre, le pays dispose de 500.000 ha de bas-fonds facilement aménageables.
De même, les potentialités pour le développement de l’irrigation, de la pêche et de l’aquaculture sont immenses. Avec environ 1200 plans d’eau (barrages, lacs, mares), le pays peut mobiliser jusqu’à cinq milliards de mètres cube d’eau de surface par an.
Quant à l’élevage dont l’essor est lié à celui de l’agriculture, il a un potentiel qui en fait un des vecteurs de l’exportation du Burkina Faso vers les pays voisins. Il comptait en 2018 un cheptel numériquement important et varié de 9 millions de bovins et de 23 millions de petits ruminants. Le pays dispose également d’un cadre réglementaire diversifié (loi d’orientation agro-sylvo-pastoral, faunique et halieutique, loi sur le foncier rural, etc.) et offre d’importantes opportunités de développement de l’entreprenariat agricole. Ces potentialités offrent des possibilités de créer des chaînes des valeurs de diverses filières agro-pastorales pour lesquels l’usage des drones et nouvelles technologies est fondamental.

Une centrale electrique au Burkina Faso

L'industrie manufacturière du Burkina Faso

L’industrie manufacturière au Burkina Faso repose essentiellement sur l’agroalimentaire, l'égrenage du coton et l’industrie extractive. La production des branches manufacturières autres que les mines, représente 6,5% du PIB en 2018. Le taux de transformation industrielle demeure faible et se situe à 12% en moyenne au cours des cinq dernières années.
S’agissant de l’industrialisation de la filière du coton, malgré la position de premier producteur africain depuis 2004, le Burkina Faso ne transforme en fil que 1% de sa production annuelle estimée à 700 000 tonnes. En ce qui concerne la transformation et la commercialisation des produits du secteur rural, les principales contraintes sont le coût élevé de l’énergie et des équipements, l’enclavement des zones de production, etc.
En matière d’accès à l’eau et à l’assainissement, le Burkina Faso a réalisé d’importants progrès. Le taux d’accès national à l’eau potable en 2016 était de 72,5% tandis que celui de l’assainissement était de 20%.
Les moyennes sub-sahariennes sont de 68% et 40% pour respectivement l’accès à l’eau et à l’assainissement (selon le rapport du programme commun de suivi UNICEF/OMS, 2016). Le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural était de 65,3% contre 92% en milieu urbain alors que celui de l’assainissement était de 13,7% et 36,1% en milieu rural et en milieu urbain, respectivement. Afin d’améliorer les taux d’accès à l’eau et à l’assainissement et relever le défi lié à la disparité, il serait possible et souhaitable de recourir à l’usage des drones pour une meilleure information, planification et programmation des investissements et des dépenses d’entretien des réseaux et adductions.

En tant que pays enclavé, plus de 80% des importations et des exportations du Burkina Faso s’effectuent par voies terrestres ce qui fait du secteur des infrastructures routières un moteur du développement économique et social du pays. La longueur totale du réseau routier classé est de 15 272 km. Sur la base de ce réseau, on note une faible couverture avec 85,6 km de route pour 100 000 habitants contre 266 km/100 000 habitants au niveau de la CEDEAO. Le ferroviaire est représenté par la ligne de chemin de fer Abidjan- Ouagadougou - Kaya d’une longueur de 1261 km dont 622 km au Burkina Faso et 639 km en Côte d’Ivoire. Les défis du secteur des transports portent, entre autres, sur :

1 - la faible efficacité du système d’acquisition et la transparence dans la passation des marchés;
2 - l’absence d’un cadre de référence pour la planification des investissements;
3 - mauvaise qualité des infrastructures routières due au manque de transparence dans l’entretien des infrastructures.
Dans ce domaine, l’usage des drones est également fondamental et particulièrement utile et rentable pour améliorer la gestion de la mobilité humaine et des marchandises tout en les sécurisant.

Par ailleurs, le Burkina Faso est frappé de plein fouet par les effets du changement climatique. Ils se manifestent par la baisse tendancielle du volume et de la qualité de la pluviométrie, l’augmentation des températures, les inondations, les sécheresses et les vents violents.
Pour l’agriculture, la baisse de la pluviométrie combinée avec la hausse de la température conduit à une baisse des rendements.

Sur la diversité biologique et les écosystèmes, les changements climatiques entraînent des inondations, la dégradation du couvert végétal et l’élévation de la température.
Sur l’énergie, ces changements se traduisent par la baisse des ressources ligneuses car la biomasse, utilisée pour les besoins domestiques, constitue 85% de la consommation énergétique. Pour répondre aux défis environnementaux, le gouvernement a élaboré des stratégies et adopté de nombreux textes juridiques et réglementaires y compris l’Accord de Paris sur le changement climatique en octobre 2016 (entré en vigueur en novembre 2016). Sur ce plan, l’usage des drones doit donner naissance à un potentiel d’investissements et de gains écologiques importants..

Utilisation de drones agricoles dans un champ de coton

Des disparités marquées entre milieux urbain et rural

La prédominance de la pauvreté en milieu rural est critique (9 pauvres sur dix vivent en milieu rural) et est essentiellement imputable aux inégalités accentuées dans le monde rural, inégalités liées au genre, à l’analphabétisme et au manque d’infrastructures sociales et sanitaires. Ces inégalités engendrent la faiblesse de la productivité en milieu rural qui, à son tour, alimente le cercle vicieux de la pauvreté.
Elles enferment ainsi le monde rural burkinabè dans une agriculture de subsistance qui ne permet pas de dégager des surplus pour la transformation.
Moins de 14% du budget de l’État est consacré au monde rural qui occupe 86 % de la population active et contribue à 35% du PIB. Dans ce domaine l’usage des drones et l’amélioration des pratiques culturales peuvent contribuer à accroître le désenclavement et la résiliences des communautés.
L’employabilité du capital humain demeure faible au regard de l’objectif de transformation de l’économie burkinabè.
L’inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail est forte. A peine 5% des jeunes de 16 à 35 ans ont bénéficié d’un enseignement et/ou formation technique et professionnelle.
En milieu rural, seulement 1,2% de la population en âge de travailler a bénéficié de formation technique ou professionnelle. Parmi ces jeunes bénéficiaires, environ 74% sont formés dans les filières tertiaires telles que la comptabilité, l’administration, le secrétariat. A leur sortie des centres d’enseignement, ces jeunes manquent souvent d’expérience professionnelle car l’organisation du système éducatif ne combine pas enseignement théorique et formation dans l’entreprise pour l’acquisition d’une expérience professionnelle. Il en résulte un taux d’inactivité pouvant atteindre 38% des jeunes de 15 à 29 ans. Dans ces domaines des actions de formation et de perfectionnement en faveur de l’usage du numérique, des technologies de l’information et des communications peuvent constituer un vivier pour promouvoir l’emploi et développement des compétences en milieu rural et urbain.

Burkina Faso - Une clivage entre les milieux urbains et ruraux

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